Le manoir seigneurial rebâti vers le commencement du XVII siècle s'élève à
peu de distances de la Fontaine Ronde : c'est une construction importante,
sans ornementation architecturale, que des travaux assez considérables ont
modifiée dernièrement.
Mr l'Abbé Breuillard, dans ses Mémoires historiques, à donné de la famille
Davout, de Vignes.
"Jean Davout, seigneur de Senailly (village du canton de Montbard), ayant
rendu des services signalés aux religieux de Moustiers-Saint-Jean, en
repoussant la garnison Rougemont qui aurait fini par s'emparer de leur
abbaye, si par ses conseils il n'eût été resisté à leur entreprise et male
volonté, Jehan de Hauterive, successeur de Simon de Saulx, pour
récompenser Jean Davout, lui donna pour lui et les siens avec l'agrément de
ses pères, tous les meix, maisons, granges, pressoirs, prés, vignes, terres,
jardins, bois, issues rentes et revenus compris dans la donation de Béatrix,
de Vignes, à charge pour lui, ses successeurs ou ayants-cause de leur payer
annuellement et à perpétuité, au jour et fête de Monsieur Saint-Jean, leur
patron, une demi-livre de cire, d'en rendre la foi et hommage, ... etc".
L'acte est du 18 octobre 1422.
"Jean Davout, capitaine de Moustiers-Saint-Jean, fils de Jacques Davout et
de Jeanne d'Etaules, Fille de Gaultrin d'Etaules, fils d'Houdard, dont
la ligne remonte aux Miles de Noyers, est mort sans postérité. La généalogie
de Vignes lui donne pour successeur, dans cette terre, Jehan Davout, son
neveu, fils d'Ithier et de Jeanne de Flavigny.
"L'un des nombreux descendants de Jean Davout, nommé François-Edmé, né à
Vignes, le 4 avril 1651, est l'aïeul du Maréchal Davout, prince d'Ekmül,
dont on voit la statue à Auxerre.
François-Armand-Nicolas Davout, mort à Vignes, le 17 Juillet 1854, à l'âge
de 76 ans, avait épousé, en 1803, Marie-Antoinette de Fresne, dont il a eu
cinq enfants : deux filles et trois fils, dont deux sont morts récemment au
service de la patrie." (Abbé Breuillard)
Le côté Sud-Est de la commune de Vignes bord la limite du département
de la Côte d'Or. Dans la région nord et à une distance de trois
kilomètres du village se trouve de hameau de Cormarin, situé sur le penchant
d'une haute colline, exposée en plein midi, et à la base de laquelle passe
un petit cours d'eau prenant sa source au hameau de Ménétreux (Côte d'Or).
Nous retrouvons à Vignes dans la plaine, les calcaires à Ostea arcuata,
à mi-côte et sous le village, les marnes du lias supérieur, et au sommet du
plateau, les couches Ostrea cymbium, recouvertes, sur les points les
plus élevés, par des calcaires blancs et oolitiques.
La population de
Vignes était, en 1806, de 338, en 1826, de 299, en 1846, de 320.
Exposé du 11
Septembre 2005 par Mr J-L Groguenin, maire.
(Restauration
de l'église - Concert de Musique en Voûtes)
Géologie
Moins 150 millions d'années
A l'ère secondaire la région était couverte par la mer, c'est la période du
jurassique. De nombreux fossiles témoignent de cette période
(ammonites, gryphées, bélemnites). Durant ces longues années des
sédiments se sont déposés avec des calcaires très durs en surface suivis de
couches plus tendres (marnes et argilesà. L'érosion par les cours d'eau
(Serein et affluents) attaquèrent le plateau calcaire. Quelques endroits
resistèrent pour former ce que les géographes appellent les butes témoins
(butes de Vignes, Perrigny, Montfault) où on retrouve le plateau calcaire
dans leur partie haute.
Moins 500 000 à - 150 000, période paléolithique
Des silex taillés ont été trouvés au lieu dit "sous laveau", ce qui prouve
la présence d'homo sapiens congénère de ceux d'Arcy sur Cure dans cette zone
(haches, grattoir...). En 1869, un géologue, M.Marlot, recensa un millier de
silex sur une surface de 3 à 4 ha; certains vestiges sont conservés au musée
de Semur en Auxois.
Moins 10 000 à -5 000, période du mésolithique
Une site important a été découvert par l'archéologue Pierre Moscovino sur
Montfault, qui a été classé par la suite et se trouve en zone protégée
depuis 1967.
Moins 5 000 à - 2 000, période du néolithique
Des haches, des grattoirs, des perçoirs plus sophistiqués sont retrouvés
"sous laveaux". C'est l'âge de la pierre polie.
Histoire
Moins 1 000, période Celte
Les celtes envahirent la Gaule en provenance d'Asie mineure primitive à
diverses époques (la plus ancienne remontant à 1 500 avant JC). On retrouve
parfois des monuments religieux sous forme de pierre brute plantée debout
(menhirs) ou de tables non taillées (dolmens). Il existait un menhir
dans les bois de Pisy appelé "la roche des fées". On retrouve
également la trace de l'occupation celte à Cormarin sous forme de
constructions de pierres sèches. Les Celtes habitaient plutôt les
forêts où ils trouvaient abri, eau et nourriture. De cette époque, on a
retrouvé en 1869 un vestige exceptionnel a Guillon. Une épée en bronze est
au musée d'Avallon datée de 900 avant JC.
Moins 50, époque Gallo Romaine
(Alésia 52 avant JC)
Les Gaulois vivaient souvent dans des cabanes circulaires et enfoncées
dans le sol, il en existe un exemplaire parfaitement conservé au lieu dit
"la petite craie".
Sous la domination romaine naissent de nombreux villages. Les villages
de Vignes et Cormarin (Vinae et Curtis Morini) témoignent de l'influence
romaine. A cette époque, de nombreuses routes ont été construites.
Il existe aussi des traces d'une importante villa agllo romaine au Thiot sur
un terrain de 160 m de long et 80 m de large; on retrouve des sables de
granit provenant du mortier, des tuileaux et des poteries variées.
Epoque des Francs
Un fer de lance comme ceux qui accompagnent les sépultures des francs
(Clovis 465 - 511) a été retrouvé ruelle Saint Pierre à Vignes.
730 après
JC, passage des Sarrasins qui saccagèrent la région.
925, invasion des Normands.
Après une terrible bataille à Quarré les tombes, ils envahissent le secteur
et prennent Montréal.
1031 - Grande famine.
Une moine écrivait : "Quand on se fut nourri de bètes et d'oiseaux, pour
échapper à la mort, on rongeait les racines, on arrachait l'herbe des
ruisseaux, puis on en vint à manger la chair humaine, les forts saisissaient
les faibles, beaucoup attiraient les enfants..."
1145 - La paroisse de
Vignes qui appartenait jusqu'alors à l'évêché de Langes est donnée à
l'abbaye de Moustiers St Jean. Il n'existait alors qu'une simple
chapelle appelée chapelle St Philibert qui aurait été situées dans un clos
de 50 m sur 30, longeant à gauche de la rue de l'église et attenant au
jardin du manoir aussi appelé le prieuré (actuelle maison Chevillotte).
On a retrouvé à cet endroit un fragment de colonne et des cercueils dont
l'un avec des ossements et une boucle de ceinturon en bronze; ce qui ferait
remonter l'édifice à une période voisine de Charlemagne. Ce sont
les moines qui entreprirent la construction de l'église St Pierre de
Vignes aussitôt après la donation de 1145 (Philippe Auguste).
L'abbaye de
Moustiers St Jean était très riche avec des possessions sur 17 communes mais
est aussi connue pour ses oeuvres au profit du peuple.
Les moines construisirent les château fort de Thizy pour défendre la région
et un hôpital à St André et surtout à Moustiers pour les pauvres des 17
villages, existant encore de nos jours et transformé maintenant en maison de
retraite.
1314 - La plupart des seigneurs du secteur, dont celui de
Montréal, le plus puissant, se liguent contre le Roi de France.
1348 -
Peste noire. Après un été torride en 1348, la peste se répandit.
En 3 à 4 ans, l'Europe perdit un tiers de sa population. De là naquit
un célèbre dicton "en l'an 1349, de cent ne demeurait que 9".
Guerre de
Cent ans (1337-1453)
Elle commence en 1337. Après la défaite de Crécy en 1346, les Anglais
arrivent dans notre région en 1358 créant une véritable terreur dans
tout l'Avallonnais en pillant les grains et fourrages qu'ils pouvaient
trouver. Les paysans terrorisés se cachaient dans les châteaux
et laissèrent pendant plusieurs années leurs terres incultes. Edouard
III revient attaquer la région en 1360. Il y eut une lutte très
sanglante à Montréal où les Bourguignons avaient amassé de nombreuses
troupes. Les Anglais étaient basés à Vignes et à Guillon.
Le 10 mars 1360, les sires de Granson et de Longwy établis à Montréal
capitulèrent et signèrent un traité avec Edouard III (Traité de Guillon).
Les vaincus devaient donner 200 00 deniers d'or en trois ans, laissez
circuler librement les Anglais, soigner et nourrir les malades de l'ennemi
et ne pas décacheter les missives. Edouard III devait rendre Flavigny,
libérer les prisonniers et quitter le pays.
17 abbés et prélats, 15 nobles, 7 bourgeois et 6 villes promirent de payer
et si une échéance n'était pas honorée, les nobles et les bourgeois jurèrent
de se rendre en otages à Londres ou à Calais. La somme ayant été très
dure à réunir, les seigneurs de Granson, de Mirebeau et d'Epoisses se
rendirent en otages en Angleterre. La dernière quittance fut honorée le 28
mars 1364. Il s'ensuivit un période très instable avec des bandes
pillards qui s'installaient très souvent à Guillon car la zone était très
mal défendue (hommes de l'armée anglaise restés sur place après le retrait
d'Edouard III)
1377 - Philippe le Hardi vint à Guillon
1392 - Un habitant de Vignes vint
attaquer le curé de Guillon avec une épée, il but son vin et emporta une
table à jouer aux taubles (échiquier) et repartit sans blesser le curé...
1416 - Par un acte du 12 juin 1416, Dame Béatrix, veuve d'un écuyer du
roi qui se nommait "Bridoul de Plestin", qui n'avait pas d'enfants, donna
toutes les propriétés qu'elle possédait à Vignes à l'abbaye de Moustiers St
Jean (meix, maisons, granges, vignes, terres, rentes et revenus). En
contrepartie, elle recevra l'usufruit de ses biens et il sera célébré une
messe en l'église de Vignes au jour et fête de Monsieur St Jean en sa
mémoire et à perpétuité.
1418 - Guerre entre les Bourguignons et les
Armagnacs qui représentaient la maison d'Orléans. Les Armagnacs
pillent tout le secteur et brûlent l'église et le château de Guillon.
Jean sans Peur est assassiné en 1419, ce qui pousse les Bourguignons à
s'allier définitivement avec les Anglais. Les Armagnacs s'installent
dans tous les forts envahis, en particulier le fort de Rougemont au bord de
l'Armançon. Troupes dites garnison de Rougemont attaquèrent les moines de
Moustiers St Jean qui réclamèrent l'intervention de Jean d'Avout, Seigneur
de Senailly et capitaine de Moustier St Jean. Avec son aide, ils
repoussèrent l'envahisseur. En récompense de cette aide, les moines
cédèrent l'intégralité de la donation de Dame Béatrix à Jean d'Avout par une
acte du 18 octobre 1422, à charge pour lui de donner chaque année de la
cire.
La famille s'établit alors à Vignes. C'était une famille
militaire et selon le diction bourguignon "Quand naît un Davo, une épée
sort du fourro". Ce nom de d'Avot vient du nom d'un village situé
dans le canton de Grancey le château en Côte d'Or.
C'est à cette époque que le château de Vignes fut construit, on a
retrouvé inscrite sur un carreau dans une chambre la date de 1424. A
noter que la tour située à coté semble plus ancienne. C'était alors la
forteresse de Prey.
La région fut alors envahie par des bandits appelés
"les écorcheurs" dont le plus célèbre était Fortepice qui réussit à prendre
Avallon en 1432 d'où il ne fut délogé que l'année suivante par Philippe le
Bon. Il vint se réfugier à Guillon.
1434 - Deux parchemins retrouvés
au château d'Epoisses témoignent de nombreux problèmes avec les limites
entre Toutry et Vignes, malgré un bornage datant de 1271. La terre de
Vignes était de "franc alleu" (non sujette à aucun droit et devoir
seigneurial). Certains propriétaires prétendaient que leur territoire se
situait sur Vignes pour ne pas payer de droits au Seigneur d'Epoisses.
Charles le Téméraire - 1467 -1477
La région est à nouveau le théâtre de guerres très sanglantes entre Louis XI
et Charles le Téméraire, les Bourguignons furent battus et laissèrent plus
de 2000 morts.
1524 et 1542 François 1er passe à Guillon pour
se rendre à Montréal.
1543 Recensement : 130 habitants à Cormarin et
230 à Vignes
1550 Une partie du château de Vignes brûle (accident ou
pillage ?)
1556 - 1589 Guerre de religions.
Après de nombreuses exécutions d'hérétiques par les catholiques, les
protestants (hugenots) s'organisèrent en envahirent Pisy en 1562. Il y
eut dans tout le secteur des pillages d'église et destructions de tableaux
et objets religieux.
1567, un compagnie de 700 hommes dévasta l'abbaye de Moustiers.
1569, les
protestants prennent Vézelay avec l'aide de Wolfrang de Bavière. De
là, il essaient de prendre Avallon, sans succès. Pour se venger, les
troupes de Wolfrang dévastèrent la région le long du Serein (en particulier
Guillon et ses environs).
1596, le château d'Epoisses est pris par
trahison et pillé. Le seigneur d'Epoisses, Louis d'Ancienville fit
publier une liste des objets volés, Pierre d'Avout de Vignes déclara avoir
vu une femme de Vignes avec une chaîne de perles et un poinçon...
1635,
Nicolas d'Avout donne le tableau de l'annonciation à l'églises de Vignes.
Nicolas d'Avout est enterré dans l'église.
1636 - La grande Peste
Il ne restait plus que 30 ménages à Guillon, les morts étaient transportés
hors des villages par manque de place dans les cimetières. On
construisit de nombreuses croix dont celle en face de la mairie de Vignes,
qui a été érigée par Dame Renelardon, veuve de maître Guilleminot, notaire
royal. Elle porte sur ses faces une couronne d'épines et 3 clous, 3
petites croix, une lance et 2 fouets, 1 coq perché sur une colonne.
1650,
une croix est installée dans le haut de Cormarin avec l'inscription "C'est
ici la croix de Sive maître clerc juré, notaire royal à Cormarin, fait le 20
juin 1650". Elle porte sur une face le Christ et au revers la sainte
Vierge portant l'enfant ainsi qu'un bénitier creusé dans un angle.
Cette croix a été sauvée du vandalisme en 1793.
1884, installation de 2
cloches dont les parrains sont respectivement Ithier d'Avout et Jehan d'Avout
et les marraines Amandine et Jeanne De Perrey, la 3ème cloche date de 1888
et est parrainée par Edouard Naudot et Madeleine Corniaux.
1900, on
dénombre 16 propriétaires fonciers dont les plus importants étaient Naudot,
Boblin, Raverat, Riotte, Grossetête, Beurdeley, Barault et 4 grands
fermiers, Théodore Boblin, Gaulat, Barault et Bécard. Il y avait à
cette époque un alambic local tenu par Nieutin et un maréchal ferrant,
Naudot. Il existait également une auberge tenue par Charles Barault et
une recette buraliste tenue par Ferdinand Gueniffey.
Nous arrivons à la
période actuelle, Vignes, c'est environ 80 habitants, 400 ha de terres, 550
ha de prés et 170 ha de bois. Nous n'avons plus d'artisan mais nous
avons conservé notre alambic. De nos liens avec Moustiers, ne demeure
que la forêt des 17 commune à Chatel Gérard. La famille Davout a
disparu de Vignes, de dernier représentant, le marquis Joseph Davout est
décédé en 1948.
L'art de la distillerie selon
Louis Gaulat
Vignes - Yonne Républicaine du mardi 10
janvier 2006 - Laurence Lefeuvre